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Portrait

Star traque

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Salman Rushdie, 52 ans, goûte à une certaine légèreté et publie un roman sur le «star system». Il évoque son involontaire célébrité.
publié le 30 septembre 1999 à 0h56
(mis à jour le 30 septembre 1999 à 0h56)

Par bien des côtés, la vie saccagée de Salman Rushdie ressemble à celle d'une star. Comme les étoiles du show-biz ou de la politique, il apparaît et s'évanouit. D'un bout à l'autre du monde, il monte sur des estrades, se fait applaudir, décorer, jalouser. Il est reçu en audience dans les chancelleries, donne des conférences de presse, accorde des interviews dans des chambres d'hôtels confortables. Des hommes à oreillettes et larges épaules veillent sur lui en permanence. Depuis la fin de l'année dernière, après des déclarations jugées conciliantes du gouvernement iranien, il dit avoir retrouvé une grande part de son ancienne liberté. Et une certaine stabilité: fini les déménagements fatigants, l'absence de livres, de disques. Il sort, va au restaurant, au cinéma, au théâtre. Toujours dans son sillage, ses anges gardiens, qui le freinaient naguère sans arrêt dans son envie d'air libre, le laissent un peu respirer: «Do less!», «faites-en moins», ne cesse-t-il de répéter à ses protecteurs, pour le coup perplexes, tant leurs clients sont si contents, d'habitude, d'être sans cesse escortés, surveillés, couvés.

«Ma force, dit souvent Rushdie, c'est mon obstination.» Hormis une faiblesse (un désespoir?) passagère quand il fit mine de se renier, l'épreuve n'a pas entamé son opiniâtre énergie: de sa damnation, il a fait un combat, emblématique, contre tous les nouveaux obscurantismes. Depuis cette Saint-Valentin de sinistre mémoire ­ c'était le 14 février 1989 ­, qui le fit basculer

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