Menu
Libération
Dans les archives de «Libé», en 1999

Arno, Belge canto

Article réservé aux abonnés
A 50 ans, le chanteur bruxellois fêlé, gavé de nicotine, chavire son public avec son dernier album: «A poil commercial».
publié le 14 octobre 1999 à 1h11
(mis à jour le 14 octobre 1999 à 1h11)

Arno a décidé à l’âge de 15 ans qu’il serait chanteur de rock et qu’il y avait pour cela une impérieuse raison : «J’avais avalé une guêpe.» C’était un jour de grand soleil sur la route d’Ostende, et le jeune Belge Arno Hintjens se rendait alors à un match de football qui devait décider de son avenir, car, dit-il : «Il y avait là, les recruteurs de la Fifa (Fédération internationale de football, ndlr) et j’étais vachement bon au foot.» Arno, qui a eu 50 ans, raconte qu’il libéra l’intruse en hoquetant, fut brancardé à l’infirmerie, et c’est probablement ainsi que la voix d’Arno Hintjens en fut changée. Reste qu’Arno bégaye toujours un peu, et que ce n’est la faute de la guêpe. C’est une histoire trop belle pour ne pas être vraie : «En fait, je ne voulais pas travailler, avoue-t-il, et le rock c’était pas du travail, et les rock-stars pour moi ne travaillaient pas.» Si Arno avait été footballeur, comme il en fut question plus haut, il aurait exigé qu’on lui coupât le sifflet avant de dire des sottises : «J’ai horreur des footballeurs qui parlent.» Les yeux du chanteur sont bleus, avec une tache de goudron dans l’œil gauche. Le crin tire de plus en plus sur le gris et la gorge concasse les mots comme un engin de chantier. Ils sortent ensuite fumés comme un jambon, car l’homme fume affreusement, c’est ce qui leur donne ce goût si savoureux. Arno n’a jamais pris la peine de s’ajuster, car tous les costumes lui vont, surtout les pl