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Libération
Portrait

La fille.

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Mazarine Pingeot, 24 ans. Révélée à l'âge de 20 ans, elle s'essaie à l'autonomie avec une image de père tout-puissant collée aux traits.
publié le 18 octobre 1999 à 1h13
(mis à jour le 18 octobre 1999 à 1h13)

Dans son premier roman, les jeunes gens boivent trop. Ils mangent bien, baisent énormément, pas toujours avec leur fiancé, se droguent et s'épuisent jusqu'au bout de la nuit. Des têtes à claques.

De l'avis de ses amis, Mazarine ne sait pas ce qu'est une nuit blanche et ne supporte pas l'alcool. Elle a acheté son premier livre de cuisine il y a six mois, terminait ses dissertations une semaine à l'avance, n'a aimé qu'Ali. Lorsqu'elle confesse: «A un moment de ma vie, je me suis vautrée dans la nullité», il est vain d'imaginer qu'elle a fait des folies de son corps. Elle traînait avec une bande de brillants sans-souci, fascinés par la fille de l'ombre. «Mon père m'élevait dans un univers de perfection, en choisissant pour moi des gens particulièrement bien. J'ai grandi en sursis, tout ce que nous faisions de génial, on se disait: "C'est peut-être la dernière fois.» Vivre sa vie, c'était forcément vivre médiocrement. A cette époque, elle horripilait sa meilleure amie en lui téléphonant juste pour connaître ses notes d'examen. Ça lui a passé.

Mazarine aspire à devenir une bonne vivante. Mais quelque chose la retient encore. La peur de grossir, de se salir. Alors elle écrit au kilomètre, se rêve en femme décadente. Avec ses droits d'auteur, elle s'est acheté un studio. Trop cher payé, mais personne n'a osé le lui dire. Elle était si contente d'avoir trouvé ça toute seule. La soupente est perchée en haut d'un immeuble qu'occupent des familles immigrées, à trois enjambées des bars br

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