C’est bizarre d’aller voir la fille d’Ingmar Bergman uniquement parce qu’elle est la fille d’Ingmar Bergman et qu’on apprécie le cinéma de celui-ci. C’est d’autant plus bizarre qu’elle vient de publier un premier roman sans l’aide de personne (1), qu’elle n’a pas vraiment envie de parler de son père, que son attachée de presse lui a pourtant prévu une tournée promotionnelle et que cette exposition médiatique est, malgré tout, fondée sur sa qualité de «fille de…» (d’Ingmar Bergman et de l’actrice Liv Ullmann). Enfin, sa venue en France coïncide avec une nouvelle mise au jour, par le journal suédois Expressen, des sympathies nazies de son père entre 1936 et 1946 (1). C’est donc dans une ambiance légèrement réfrigérante que commence la rencontre avec cette blonde aux cheveux courts de 33 ans qui, après vous avoir broyé la main, s’installe dans la petite cour du très chic hôtel de l’Abbaye (VIe arrondissement de Paris). Son interprète et son éditrice sont présentes pour éventuellement traduire. Mais pour traduire quoi ? «L’œuvre de votre papa est formidable malgré son erreur de jeunesse et, au fait, vous en pensez quoi ?» Heureusement, il y a la couleur «rouge». Ça peut faire lien. Il y en a partout dans la première partie de son roman. Du vin rouge, des rideaux rouges, une chambre rouge, des serviettes de bain rouges. Il se trouve qu’Ingmar Bergman considérait la couleur rouge comme celle de l’intérieur de l’âme. Il l’a abondamment utilisée dans Cris et
Portrait
Linn Ullmann, en son fjord intérieur
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par Emmanuel PONCET
publié le 26 octobre 1999 à 1h21
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