Au téléphone, dans la vaste suite de l'hôtel Prince de Galles, elle apprend le décès en Italie de l'un de ses plus anciens amis. Posément, menue dans sa robe de velours noir rehaussée d'un pendentif en diamants et d'un élégant bracelet d'or, elle se rassoit en tournant le dos à la fenêtre. La lumière d'automne lui blesse les yeux, qu'elle garde mi-clos: «Je n'ai pas peur de la mort.» Rita Levi-Montalcini, 90 ans, prix Nobel de physiologie-médecine 1986 pour sa découverte d'une protéine fondamentale pour le développement du cerveau (1), ne va pas interrompre l'interview. C'est justement pour parler de ça la vieillesse, la mort qu'elle est là, cheveux gris relevés en vagues sculptées, rides assumées «une par année. J'ai beaucoup travaillé, mais pas à mon visage» optimisme et une certaine roideur affichée. Son livre, qu'elle s'est farouchement opposée à voir titrer en français La vieillesse n'existe pas, clame en couverture: «A un âge avancé, notre cerveau garde des capacités exceptionnelles que chacun peut utiliser.» Elle veut en être l'impeccable, et implacable, témoignage. L'ouvrage a fini par s'appeler l'Atout gagnant, proche du titre italien (2), où il est question d'une carte maîtresse que l'on cache dans sa manche, même si elle est en lambeaux. Les lambeaux, la biologiste les a empruntés au poète Yeats, citation en exergue: «Un homme âgé n'est qu'une misérable chose. Un habit en lambeaux accroché à un bâton, à moins que l'âme n'applaudisse et chante, et chante to
Portrait
Ô vieillesse amie.
Article réservé aux abonnés
par Dominique LEGLU
publié le 22 novembre 1999 à 1h37
(mis à jour le 22 novembre 1999 à 1h37)
Dans la même rubrique