Elle ressemble à un chat prêt à bondir, poils dressés, pattes en
avant. Tendue sur sa chaise, le stylo pointé, elle scrute en plissant les yeux des travées à moitié vides. «Pourquoi y a-t-il si peu de gens? Bizarre! Les fortes têtes ne sont pas là.» Elle fait ses griffes sur le Conseil législatif palestinien, un Parlement dont la somnolence est à l'image du pouvoir réel. L'apathie des députés contraste avec son agitation. Le président coupe le micro d'un élu qui a excédé son temps de parole. Elle siffle entre ses dents: «Incroyable!» A l'annonce d'une pause-cigarette, elle fulmine. Si un intervenant ne lui plaît pas, elle s'écrie: «Oh non, pas lui!» A l'agacement se mêlent des propos désabusés sur une Assemblée qui, à un mois du nouvel an, discute encore du budget 1999.
Elle n'a rien d'une froide observatrice. Chaque manquement à la règle, chaque perte de temps, chaque erreur ou mensonge proférés dans l'hémicycle l'affectent. Amira Hass est une correspondante étrangère, mais pas indifférente. Elle couvre un territoire qui n'est pas le sien, que les siens considèrent volontiers comme ennemi. Juive israélienne, elle vit à Ramallah, en Cisjordanie, et écrit chaque jour dans Ha'aretz, le quotidien libéral de Tel-Aviv. Cela fait d'elle plus qu'une étrangère, une bizarrerie. Ses compatriotes qui se hasardent ici se rangent généralement parmi les soldats ou les colons. Les autres médias israéliens emploient des locaux ou envoient des reporters, quand ils ne rendent pas uniquement co