C'est une conversation percée d'ennui, un vendredi de décembre, avec
une poignée de mondains du show-biz à la française. «Pour arrêter de fumer maintenant, on fait des paches», dit une dame. «Des Pacs?, hasarde Eddie Barclay, pas concentré. Ah oui, maintenant, on est pacsés.» Il s'arrête. Semble tenté par le repli. Finit, sans conviction, par donner un gage aux exigences de la convivialité «entre copains»: «On est pacsés" et on est faxés!» Alors la dame trouve enfin le déclic: «Ah oui! On est faxés" et on est taxés!» Et les langues se délient. Eddie: «Ah, ça! On m'a plusieurs fois proposé de m'installer à Londres ou au Brésil. Il y a un moment où j'en ai eu envie. Quand on voit les copains de là-bas qui ont la belle vie et nous, il ne nous reste presque plus rien"» La dame: «On m'a dit que ceux qui croient qu'aux Etats-Unis, on ne paye pas d'impôts, se trompent!» Eddie: «Oui, mais là-bas, tu peux déduire. Alors qu'en France, on ne peut plus rien déduire.»
C'est une lettre à l'écriture belle et libre, acte d'amour stupéfiant. Un jour de 1976, depuis ses antipodes, l'homme des Marquises l'envoya à «son» producteur, celui avec lequel il avait tenu à signer un contrat de 30 ans «renouvelable», unique dans les annales. C'étaient les derniers feux du Belge, juste avant le «Brel 1977» made in Pacifique publié par la maison Barclay, laquelle vit elle aussi ses dernières heures d'indépendance. «Bonjour. Juste pour te dire que je pense bien souvent à toi. Et j'aime savoir que tu existes