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Libération
Portrait

Elisabeth Guigou, 53 ans, garde des Sceaux, n'a pas cillé quand l'Elysée a enterré la réforme de la justice. En garde.

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publié le 24 janvier 2000 à 21h45

Chirac lui a volé Versailles? La garde perd mais ne se rend pas.

Aujourd'hui est un jour comme les autres: 8 h 30 place Vendôme, elle traverse le «cimetière», galerie de portraits de ses prédécesseurs à la Justice, de Danton à Toubon. Des hommes, tous. Elle gagne sa table de travail, un bureau gris, sobre sous les caissons dorés de la chancellerie. Celui de François Mitterrand à l'Elysée, dont Chirac s'est débarrassé sans complexes. Au menu, réunions, rendez-vous et, aubaine, trois heures de «liberté»" Elle s'enfermera dans son bureau, silence, «Elisabeth travaille.» Comme à l'école, comme à l'ENA, comme à l'Elysée. «Je ne crois qu'au travail», dit Elisabeth Guigou. «Elle avance, dossier après dossier, sans charrettes et sans précipitation», raconte un ancien de l'Elysée, impressionné comme beaucoup, «sans fulgurance ni brillance non plus. Mais elle avance». A 20 h 30, les policiers verront repasser la ministre avec ses deux «airbags», serviettes gonflées des dossiers du soir. Un jour comme les autres.

Sa réforme lui explose entre les mains? Elle lève un index, en gouttière depuis quelques jours: «Je me suis cassé la dernière phalange en déplaçant un pot de géraniums sur ma terrasse à Paris.» Un sourire charmeur, entre ironie et lassitude. Et un regard bleu vif, coupant sous la paupière lourde, pour clore la confidence. A l'Elysée, Eric Orsenna, nègre du premier septennat, la jugeait «très Trésor» dans les deux sens du terme: «Belle. Ah oui, vraiment. Vraiment.» Et sévère: «E