Pour gueuler, ça oui, il gueule. Bernard Laporte, sur le terrain d’entraînement, est une mince silhouette immobile pétrissant un ballon de rugby et hurlant de temps en temps. Il faisait ça déjà quand il entraînait le Stade français, au milieu d’une quarantaine de joueurs dont il réglait à la voix un ballet impeccable. Ça ne bronchait pas. Parfois, il pourrissait un joueur au-delà du raisonnable, crachant les mots qui font blêmir de rage. Et rien n’était définitif. L’équipe entière lui était dévouée. Quand il l’a quittée, le désarroi était palpable. Certains fins psychologues du rugby ont applaudi sa nomination à la tête du XV de France avec ce massif argument: «Les joueurs ont besoin qu’on leur tape sur la tête.»
Ce sera donc la méthode Laporte? Il s'en défend. «On dit que je suis autoritaire, mais en fait j'écoute beaucoup. Je demande aux joueurs de s'exprimer, je discute, et à la fin je décide. Mais il faut que tous les joueurs soient partie prenante. Je ne vais pas établir une relation prof-élève.» L'allusion aux entraîneurs précédents est directe, discrète. Pierre Villepreux était un prof qui voulait transmettre un savoir pratique et extensible. Bernard Laporte estime: «Il n'y a pas cinquante manières de jouer au rugby. Nous n'allons rien inventer.» Les entraînements avec l'équipe de France ressemblent à de patients réglages de quelques mouvements précis. Mais peut-être n'a-t-il pas le choix, en commençant sa carrière avec le Tournoi des six nations. «Je ne revendique pa