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Libération
Portrait

Tailleur de père.

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publié le 12 février 2000 à 22h18

Jean-Claude Grumberg dit qu'il n'a appris ni l'anglais, ni le

yiddish, ni les maths, ni le français, ni le métier de tailleur, «ni rien du tout», et pas uniquement parce qu'il a quitté l'école à quatorze ans, vers1953. Jean-Claude Grumberg ajoute qu'il est sans doute devenu dramaturge par hasard, faute de réussir suffisamment ailleurs ou comme acteur. Il se souvient qu'il lui a fallu beaucoup d'années et voir plusieurs de ses pièces sur scène, avant de mettre un nom sur son activité. «Les autres» ont fini par le convaincre qu'il était auteur. «La profession» lui rend des honneurs: une demi-douzaine de statuettes de Molière plus ou moins rutilantes, installées dans un coin de la cuisine, avec quelques pingouins. Et désormais, une pièce, Amorphe d'Ottenburg, créée en 1971, inscrite au répertoire de la Comédie Française. Une distinction rare pour un écrivain vivant. Grumberg n'en fait pas un plat: «C'est encourageant. Si ma mère était vivante, elle verrait que je ne me suis pas uniquement levé tard le matin. L'entrée au répertoire signifie que l'administrateur s'engage à programmer la pièce, salle Richelieu dans les deux ans. Ce qui n'assure aucun avenir à plus long terme. Le répertoire est bourré de pièces oubliées.»

Jean-Claude Grumberg n'est pas seulement modeste, il est distant à son propre égard, comme s'il devait accommoder sa mémoire ou chercher sans fin la bonne place, pour parler de lui.Il projette sur ses phrases les plus affirmatives une légère brume. Sait-on jamais ex

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