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Portrait

Jean-François Stévenin Hors cadre.

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Jean-François Stévenin, 55 ans, cinéaste à ses heures et acteur à plein temps, joue dans «Love Me» de Laetitia Masson.
publié le 23 février 2000 à 22h39

Jean-François Stévenin parle en montagnes russes, on n’a pas peur, mais on oublie le circuit, on ignore où mène sa parole, on court après elle pendant qu’il ouvre des fenêtres sur différents moments de sa vie, sans jamais les refermer. Jean-François Stévenin a le pouvoir de mettre les événements en boule, de les déplier, replier, de recommencer le montage de la mémoire, de recomposer son existence musicalement, comme du free jazz. Cinq heures passent, qui s’écoulent en cinq minutes. Dix autres heures passent, idem. Le temps est élastique. Avec une promesse d’épure à venir, lorsque la foule sera partie. On était seule dans la pièce, on y a croisé beaucoup de monde: Gérard Depardieu, François Truffaut, Johnny Hallyday, Gene Vincent, le producteur Jean-Pierre Rassam, des amis corses, Jacque Villeret, Laetitia Masson, Godard, Belmondo. On a reconnu leur accent singulier, on leur a serré la main, ils se sont éclipsés, et Jean-François Stévenin aussi a disparu derrière ses imitations, ses histoires. Pas de numéro d’acteur, mais un oubli de soi. Une manière personnelle et peu repérable d’être secret.

Jean-François Stévenin est acteur, on s'accroche à des évidences. Il joue même le rôle d'un individu hybride, mi-enquêteur mi-psychanalyste, dans Love Me, le dernier film de Laetitia Masson. En trente ans, une centaine de films, plutôt des seconds rôles, aucun plan de carrière, pas d'agent, le goût des hasards. Sauf que pas du tout. Stévenin n'est pas spécialement acteur, cette activit

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