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Libération
Portrait

Mohammed Sayed Tantawi, 71 ans, dirige la plus prestigieuse université de l'islam sunnite. Il reçoit le pape. Cheikh en bois.

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publié le 24 février 2000 à 22h38

Le respect, il sait ce que c'est, le cheikh Mohammed Sayed Tantawi.

En bon homme de religion, ça le connaît, le ciel la terre, le licite l'interdit. Et croiser les jambes devant un aîné, pire, un prélat, cela ne se fait pas. D'une main preste, avant même d'avoir ouvert la bouche, il se penche et donne une tape violente sur la jambe sacrilège de son interlocuteur, puis, les yeux plantés dans les siens, la voix tremblante de fureur, il lui fait la morale entre ses dents serrées. On ne sait trop, en attendant que passe l'orage, s'il faut attribuer ce soudain accès de colère aux réminiscences d'une éducation rigide reçue dans la sévère Haute-Egypte ou au manque d'assurance du dignitaire à la légitimité incertaine, comme un vêtement trop grand pour lui.

Car, s'il n'y a pas de clergé en islam ­ sunnite du moins ­ Mohammed Sayed Tantawi n'en est pas moins le cheikh d'al-Azhar, la plus prestigieuse université islamique du monde sinon la plus ancienne. Il est à ce titre la voix la plus écoutée d'un milliard de croyants (le sunnisme, exclusif en Egypte, représente 85% des musulmans dans le monde). Al-Azhar, la plus que millénaire, la rigoriste, un Vatican sunnite. A la tête d'une armée de fonctionnaires, Tantawi dirige tout un réseau d'écoles, d'instituts et d'universités, formant des laïcs mais aussi les prédicateurs de demain. Surtout, le cheikh doit, comme il l'explique, représenter «le vrai visage de l'islam qui est une religion d'amour et de paix». Et si ses fatwas n'ont pas force

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