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Portrait

Hanna Schygulla, en scène et gretchen

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A 56 ans, l’égérie de Fassbinder, revient au théâtre de la Villette avec «Ici et maintenant».
publié le 4 mars 2000 à 23h04

On parlait de lui, Rainer Werner Fassbinder. «Je l’ai senti dangereux et en même temps magnétique. Quelque chose dans son regard allait bien au-delà de la gentillesse», disait Hanna Schygulla quand Alicia, sa nounou, a appelé du rez-de-chaussée. «Fassbinder ! Fassbinder !» Sur un écran de télé, un documentaire s’achève. Un enfant allemand, blond, rond, gros plan final sur les yeux. Deux lames d’acier, le regard de Fassbinder. «Je pensais à lui, il est revenu, dit-elle. Le hasard, c’est Dieu incognito.»

Lili Marlene, Maria Braun, Carola von Neher, elle fut la blonde fatale de Fassbinder et de Schlöndorff, Wenders, von Trotta. Et de Klaus Michaël Grüber au théâtre, dans le cimetière russe à Weimar. «Toujours à l’intérieur du fantasme d’un metteur en scène, je me laissais choisir, c’était un confort.» Vingt ans après, seule sur scène, elle sourit à Fassbinder : «J’étais sa poupée de chair.» Femme entre deux âges, «parfois je suis la grand-mère de moi-même», beauté de tragédienne aux yeux faits, dans sa grande maison proche de la place des Vosges. L’actrice est devenue autrice, interprète, metteure en scène, chanteuse rauque des mélodies allemandes d’avant-guerre, Kurt Weill et Hanns Eisler. Emancipée des affinités dangereuses : «Maintenant, c’est moi qui choisis.» Un autre virage dans la vie de Hanna Schygulla, convaincue qu’«on est toujours le créateur de ce qui nous arrive.»

A sept ans, elle est malheureuse. A Munich, c’es

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