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Libération
Portrait

Benoît Delépine, 41 ans, ex-auteur phare des Guignols, se voit comme un Don Quichotte qui se prend les pieds dans sa lance. Oiseau de parodie.

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publié le 8 mars 2000 à 23h00

La première et la dernière fois que Benoît Delépine est allé voir un

psy, c'était pour se faire réformer. Comme tous les antibidasses un peu stratégiques, il prépare son coup un an à l'avance. Il tombe sur une lacanienne intégriste qui ne concède pas un traître mot à son pseudo-patient. Rien. A peine bonjour. «Pendant un an, j'ai été obligé de meubler. J'inventais les pires horreurs. Par exemple que j'avais été violé à 5 ans. Je me demande si ce n'est pas là que je suis devenu auteur.»

L'ancien auteur panthéonisé des Guignols, devenu Michaël Kaël, reporter véreux, aviné et parodique du journal de Moustic et aujourd'hui scénariste de BD (1), déborde de micro-faits d'armes de ce genre. Des exploits de quasi-VRP, ratages d'ivrogne et aventures de l'extrême bout du comptoir qui, finalement, n'auraient pas déparé dans la subtile ambiance d'une chambrée militaire. Manifestement, Delépine aime bien se vendre en don qui rote titubant, mêlant audace et vinasse, fragilité et timidité. Tout juste sorti d'une prépa HEC à Lille, Delépine monte un journal, baptisé Fac off. Le journal fait faillite, et le jeune fils d'agriculteurs de Holnon (Picardie), 22 ans à l'époque, se retrouve avec 200 000 francs de dettes. Sa copine Nadia est enceinte, il n'a pas le choix. Il faut trouver de l'argent très vite. «Je me suis mis en tête de rentrer dans la pub.» Il y a de l'argent dans la pub. Il téléphone à un ponte du milieu, Jean Feldman. «Bonjour, je suis journaliste à Actuel, ment-il, est-ce que je