Enfin libre. A peine sorti de prison, après cinq ans dans des
conditions réservées aux pires criminels, Kevin Mitnick sirote un Pepsi à la table d'un café baigné de soleil, dans sa banlieue de Westlake Village, près de Los Angeles. Le plus célèbre pirate informatique du monde sourit, mais en vérité son retour à la «normalité» est rude. A 36 ans, il habite chez son père, qui se remet lentement d'un triple pontage coronarien. Le hacker de légende est lui-même sérieusement diminué: en liberté avec mise à l'épreuve, il n'a pas le droit de toucher un ordinateur, ni de se saisir de «toute chose permettant d'accéder à un réseau informatique», comme un téléphone portable ou un agenda électronique. Pendant trois ans. «Je vis pratiquement comme un amish, dit Mitnick, qui n'a pas surfé sur l'Internet depuis 1995. Je ne peux même pas travailler derrière une caisse enregistreuse, car elles sont presque toutes informatisées!» Il passe ses journées à conduire son père pour ses examens médicaux, à éplucher les offres d'emploi qui lui permettront peut-être de rembourser ses dettes et à répondre aux sollicitations des médias susceptibles de l'aider à démonter le «mythe Kevin Mitnick». «Pendant toutes ces années, il a été décrit comme un être animé de mauvaises intentions et ça l'a hanté», explique Doug Thomas, ancien hacker devenu universitaire. En effet, à en croire John Markoff, dans son best-seller Cyberattaque, Kevin Mitnick était une sorte d'Hannibal Lecter, dont les mains devaient être