Ainsi, voici l'homme qui enleva l'ambassadeur des Etats-Unis au Brésil, conduisit un tramway en Suède et enfourcha un vélo à Rio pour convaincre ses concitoyens de l'élire député. Fernando Gabeira, l'unique élu Vert d'un pays-continent, accueille le raccourci sourire en coin, prétend qu'il est «fatigué de son passé» et que le présent n'est pas loin de le lasser. Ne pas se laisser enfermer dans une vie, c'est une philosophie chez cet homme. Il y a vingt ans, il réglait déjà son compte au jeune Fernando dans un livre réjouissant, titré en français: Les guérilleros sont fatigués.
S'il n'était pas situé à quelques foulées des plages de Rio, l'appartement qu'il occupe depuis qu'il ne vit plus avec sa femme et ses deux filles serait un décor des plus conventionnels. Quelques livres, un ordinateur, rien de personnel. Cette espèce de chat à sept vies n'offre aucune prise, rebondit avec légèreté de livre en aventure, raillant et rayant d'un trait d'humour des causes aussi sérieuses au Brésil que le marxisme ou le cul. «Gabeira? Ce type est fantastique, admet un ancien de l'extrême gauche brésilienne. Il est toujours en première ligne, autrefois dans la clandestinité, aujourd'hui dans l'institution. Il a une sorte de marginalité naturelle qui force le respect.»
Des organismes génétiquement modifiés au mariage gay, en passant par la protection de la forêt et le respect de la vie privée, l'inventaire des causes abordées par l'enfant chéri des Cariocas prêterait à sourire, tant il est écle