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Libération
Portrait

Jean-Michel Dagory, 54 ans, touche-à-tout culturel, traverse la France par la ligne droite de la méridienne verte pour redresser sa vie. Zigue zag.

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publié le 24 avril 2000 à 23h52

Commune de Soisy-sur-Oise, un frais jour de printemps. Carte IGN en

main, un homme s'enfonce dans une forêt de hêtres, reporter d'occasion à ses basques. On était prévenu: «Prenez de bonnes chaussures et un imper. On marchera quelques kilomètres en parlant.» Pas d'autre façon d'approcher l'animal que de lui courir derrière. Jean-Michel Dagory est comme la bicyclette. S'il s'arrête, il tombe. Dans l'ennui ou la dèche. Alors il s'est trouvé un bon motif pour cavaler: sponsorisé par la Mission pour la célébration de l'an 2000 pour traverser la France en suivant la méridienne verte ­ ce rideau d'arbres planté le long du méridien de Paris, à l'initiative de l'architecte Paul Chemetov. Parti de Dunkerque le 12 février, il a mis cap droit sur les Pyrénées-Orientales qu'il prévoit d'atteindre en juin, à raison d'une vingtaine de kilomètres par jour. Sa dernière bravade.

Pierre Clavreuil, de la Mission de l'an 2000, se souvient d'avoir vu arriver dans son bureau un plaisant quinquagénaire. «On a trouvé son idée sympathique et le personnage parfaitement adapté à l'aventure ­ à la fois mesuré et démesuré.» Chargé de «mettre du lien» dans la coulée verte un rien virtuelle de Chemetov, Dagory a hérité de 100 000 francs pour tirer un trait de labour via les 337 communes perlant la méridienne et porter la bonne nouvelle millénariste d'édile en garde forestier, d'école en sous-préfet au champ. «Evidemment, s'il dépense son argent à boire des canons en route, ça sera embêtant, dit Pierre Cla