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Libération
Portrait

Le sacre de l'arène.

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Julian Lopez, 18 ans, dit «El Juli», Mozart de la corrida, confirme aujourd'hui son alternative à la Feria de Madrid.
publié le 17 mai 2000 à 1h09

Julian Lopez est un jeune homme pressé. Une fois que vous l'avez coincé entre deux corridas, il faut ensuite aller à l'essentiel. Sans légèretés ni digressions inopportunes car le petit génie de la tauromachie a un emploi du temps particulièrement lourd. Il revient tout juste de Saragosse, une belle occasion de passer par chez lui, goûter un bon plat de sa mère qui se plaint de ne pas assez le voir et tapoter le jarret de ses chevaux préférés.

«Chez lui», c'est son immense finca de style andalou ­ près de Madrid. Au dehors, son équipe s'affaire déjà pour la prochaine «faena» du petit Mozart. Lui sort tout juste de la douche, pommadé et gominé à souhait. Un besoin d'apparaître tout lisse, sans faille. La voix est neutre, presque terne, celle d'un ado qui aurait mué trop vite. Le père rit tout son saoul, le fils ne se déride pas. Il vous fixe, attend la prochaine attaque, prépare la prochaine esquive. Celui que toute l'Espagne connaît sous le nom de «El Juli», réputé pour son audace et son intrépidité face au taureau, reste sur son quant-à-soi dans le privé. L'oeil vert sans éclat, le pantalon blanc, un jersey beige apprêté, une raie impeccable de premier communiant dans son cheveu clair, il a l'allure d'un élève du meilleur collège britannique. Et, dans l'expression du visage, il y a le sérieux de celui qui voudrait apparaître plus mûr que ses 18 printemps. Seule fausse note: cette vilaine cicatrice sur la joue gauche, séquelle d'un coup de corne reçu l'an dernier, et dont il