A l'évidence, c'est plutôt rigolo d'être drôle. Dans son petit bureau de Manhattan, Mark Katz dit qu'«il n'a pas vraiment le droit de se plaindre». «Quelquefois, on se retrouve un peu coincé devant la page blanche de son ordinateur et on cherche, ajoute-t-il, mais il y a toujours un déclic à un moment ou à un autre. Et puis moi, ce qui reste mes moments privilégiés, ce sont ces instants passés dans une pièce avec des hommes politiques, des présidents même, qui se laissent aller à lâcher des blagues qu'ils ne pourraient jamais faire en public. Rien que pour ça, je ne laisserai ma place à personne.» Un sourire, et Katz s'arrête pour faire rouler ses yeux bleus malicieux, avec l'air de celui qui en a déjà trop dit. «Là, vous comprenez, je me tais. Je ne peux vraiment pas aller plus loin.»
Il y a encore quelques semaines, l'Amérique ne connaissait pas Mark Katz, ou alors très peu. Puis, au soir du 29 avril, est venu ce fameux dîner des correspondants de presse de Washington, où apparaît traditionnellement chaque année le Président. Ce soir-là donc, qui résonnait un peu comme les adieux de Bill Clinton au «Press Corp», ces journalistes qui suivent le locataire de la Maison Blanche vingt-quatre heures sur vingt-quatre, trois cent soixante-cinq jours par an. Après un speech agrémenté de blagues en tous genres, le président des Etats-Unis va produire un spectacle étonnant. Une vidéo d'une dizaine de minutes durant laquelle Clinton joue son propre rôle, se moque de lui-même, s'ennuie