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Libération
Portrait

Arnaquo-libertaire

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Lucio Urtubia, 69 ans, maçon mais surtout faussaire et braqueur de banques pour la cause anarchiste espagnole.
publié le 17 juin 2000 à 1h34

Au creux d’une boucle de la rue des Cascades, celle de la Commune de Paris et de Casque d’Or, se niche l’espace culturel Louise-Michel, propre et convivial, édifié sur une ruine par Lucio Urtubia. Artisan de la révolution espagnole et ouvrier du bâtiment français, ce petit monsieur de 69 ans aux mains crevassées aime le bel ouvrage. Sur les murs lisses et blancs, des photographies de Cartier-Bresson. Sur la table en bois, des piles de journaux du syndicat libertaire importé d’Espagne, la CNT, et une bouteille de pacharán, l’alcool de prunelle sauvage du Pays basque. Avec son accent rocailleux, le rebelle en chemise pied-de-poule colporte en vrac sa vie d’antifranquiste navarrais, prolétaire-anarchiste, faussaire clandestin: “La révolution, ce n’est pas détruire et puis plus rien, c’est construire.” Lucio est un bâtisseur, pas un bulldozer.

Il a monté une entreprise de faux en tous genres, papiers d'identité, billets de banque, traveller's chèques, une tirelire internationale pour les causes des peuples: anarchistes espagnols, révolutionnaires cubains, boliviens, uruguayens... Vingt-cinq années de labeur illégal, la nuit ou le week-end, sans se mettre un sou en poche. Et tous les jours de la semaine, à 7 heures sur les chantiers, en tenue blanche de maçon, à trimer pour un salaire de smicard. Voilà comment l'immigré a berné la police qui, jamais, n'a détecté en lui le patron du trafic. Lucio, qui a payé ses "activités politiques" de onze petits mois de prison, a livré ses secr

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