La vraie surprise, c'est ça: cette espèce d'apeurement qui, tout à trac, lui trouble le regard et torpille ses manières de total contrôle, son extrême civilité bien éduquée, son intelligence polie. Et c'est comme si rôdait dans les coulisses une panique en guenilles, qui menacerait de mettre à sac le palais mental de Claudia Schiffer, qui s'apprêterait à prendre d'assaut la psychorigidité de la parfaite mannequin, si pro, si structurée, si healthy, qui fume pas, boit pas et baise en toute discrétion. Est-ce que ça a toujours été là, cette frousse de soi, cette trouille de se laisser voir, de se laisser aller? Ou est-ce que le tremblement se fait plus fort parce qu'il lui faut changer de vie? Elle va bientôt avoir 30 ans et ce n'est épatant que lorsqu'on sait ce qu'on voudrait en faire: des enfants, des films, des amants, des conneries, des folies... La seule chose dont elle est certaine, c'est qu'elle a beaucoup à perdre. Elle ne sera jamais plus la nouvelle Bardot, la "mariée" de Chanel, la blonde aux 550 couvertures ou encore la pin-up cultivée, la ravissante instruite. Sa génération de mannequins-stars a usé jusqu'à la corde cette usurpation de notoriété qui les vit faire la nique à des actrices trop quotidiennes, trop honnêtes. Evidemment, c'est à ces dernières que Schiffer aimerait maintenant ressembler, sans être sûre d'en avoir l'étoffe. Alors, en attendant, elle qui n'a pas son permis de conduire se crashe à 30 km/h dans des Citroën écolos et sécuritaires, se crêpe l
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