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Libération
Portrait

Le secret de ""la Licorne"".

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publié le 22 juin 2000 à 1h43

Il est condamné à perpétuité pour meurtre. Sa dette, 907 millions de dollars, s'alourdit avec les intérêts de 1 million de francs chaque jour. Il sait qu'un matin, dans un mois, dans un an, les gendarmes de Champagne-Mouton peuvent venir frapper à sa porte et l'embarquer vers une prison de Pennsylvanie. Mais Samuel Ira Einhorn, colosse fatigué, un peu voûté, assure dormir du sommeil du juste. Et ne craindre qu'une chose: les pucerons dans son potager bio.

Avec sa gueule de patriarche, son regard bleu dur de gourou et ses sermons new age, il a des adeptes sur le Vieux Continent. Jack Lang, Louis Mermaz, la Ligue des droits de l'homme, des députés, des facteurs, des vieilles dames, tous prêts à pétitionner contre son extradition vers les Etats-Unis. Là l'attend Lynne Abraham, procureur de Pennsylvanie, surnommée, par le New York Times, "la magistrate la plus meurtrière des Etats-Unis". "Rendez-nous notre assassin", clamait-elle en décembre dernier, furieuse du refus de la France d'extrader Einhorn. Dans une lettre à Madeleine Albright, secrétaire d'Etat, Lynne Abraham a réclamé une intervention auprès de Lionel Jospin, résumant les faits: "Au mois de septembre 1977, Ira Einhorn a matraqué à mort sa petite amie, a mis son corps dans une malle et l'a gardé dans son placard pendant un an et demi comme un précieux trophée. Néanmoins, aujourd'hui, il continue à déguster du vin en compagnie de sa femme sur leur domaine..." Jusqu'ici, Matignon a refusé de renvoyer un homme qui ne béné

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