Devant la baie vitrée, des mouettes flottent dans la brise, au-dessus d'un paysage conçu par un ordinateur des années 70. La ville de Rotterdam, un Singapour qui aurait mixé quartiers d'affaires et blocs résidentiels, est une base pour travailleurs spartiates. Un parfait décor pour l'Office for Metropolitan Architecture (OMA), l'agence de Rem Koolhaas, décidé à incarner un personnage de légende ultra-moderne. "Je suis né ici le 17 novembre 1944 . La ville formait un cratère de trois kilomètres de diamètre." Moine-soldat en uniforme Prada, Rem Koolhaas (prononcez Colasse) saisit un Bic cristal rouge et trace un cercle. "Je suis né là, en périmètre de ce cratère. Il faisait très froid cet hiver-là. J'aurai dû mourir. Mes parents occupaient l'étage supérieur d'un immeuble 1930, il y avait une espèce de verrière... L'architecture moderne m'a sauvée."
Ainsi se présente le lauréat 2000 du Pritzker Prize, la palme d'or de l'architecture mondiale: comme un rejeton de l'architecture moderne. Peu connu du grand public, Rem Koolhaas est un professionnel atypique. Il a peu construit. Peut-être flanque-t-il la trouille. En France, consulté pour une extension de la Défense, il propose de démolir toutes les tours de plus de 25 ans d'âge, à l'exception des bâtiments de mérite, et de ceux à valeur sentimentale. On décline son offre de recommencement, même si, à la Défense, les gratte-ciel de camelote se déglinguent.
Koolhaas est l'urbaniste d'Euralille, brutal pacemaker au coeur d'une cité his