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Libération
Portrait

Tailler le «Routard».

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publié le 29 juillet 2000 à 2h38

Le monde sur un mur. Un planisphère jauni et écorné, seul vestige des débuts du Petit Futé dans les années 70. Lustrée par le temps, la carte tapisse le fond d'un duplex vitré du XVe arrondissement parisien où sont nés et siègent toujours les bureaux du guide touristique. «A l'époque, nous voulions conquérir le monde», plaisante Dominique Auzias, le père du Futé. Une époque où l'on parlait encore d'Allemagne démocratique ou fédérale et d'Union soviétique. Avec 122 pays inspectés sur les 192 répertoriés par les Nations unies, le pari est aujourd'hui près d'être tenu.

Dominique Auzias, quadra aux tempes grisonnantes et aux dents du bonheur, adopte comme il se doit le look du patron anti-patron, leader presque malgré lui: chemise bleu ciel ­ surtout pas de cravate ­, pantalon de toile beige et chaussures de marche, forcément. Un bureau dépouillé de tout ornement ­ une table, deux fauteuils, un stylo et un plafond à la peinture écaillée ­ et perdu au coeur du labyrinthe des locaux du Petit Futé. Peu à peu, en vingt ans, les 82 salariés du guide ont grignoté trois immeubles de la rue des Volontaires. Le tout incognito, sans enseigne ostentatoire à l'entrée, même pas le couple de renards symbole du guide. Rien qu'un bout de carton sous une sonnette. L'essentiel en somme. Auzias, une paire de demi-lunes rejetée sur le front, «déteste les conventions», quelles qu'elles soient ­ le tutoiement est imposé en un quart d'heure ­, même si sa force est, selon lui, sa «faculté d'adaptation»