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Libération
Portrait

Ami, entends-tu Anna?

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Anna Marly, 82 ans, Russe blanche exilée à Paris, est l’auteur-compositeur de la version originale du «Chant des partisans».
publié le 4 août 2000 à 3h12

«C’est toujours le Libération qu’avait fondé d’Astier de la Vigerie?» D’emblée, en pénétrant dans les locaux du journal, la vieille dame au chapeau bleu oblige à remettre les pendules à l’heure des années quarante. C’est à la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’Anna Marly quittait la France pour le Brésil. En juin dernier, elle retrouvait, cinquante ans après la bataille, quelques camarades laissés alors à Paris: Pierre de Bénouville, Pierre Messmer... Et un peu du tourbillon de la guerre puis de la Libération qui la virent chanter la Résistance et la victoire pour les soldats, les ouvriers, ou les diplomates. Qui connaît encore aujourd’hui ce nom d’Anna Marly qu’on appelait alors «Anna nationale» ou la «Troubadour de la Résistance»? Ce 18 juin 2000, elle entonnait une nouvelle fois dans l’Eglise de la Madeleine, le Chant des partisans. Son chant. C’est elle qui a écrit le Chant des Partisans, ce chant qu’on imaginait né sous la plume d’un grand gars moustachu?

Déjà quand elle débarque à Rio de Janeiro en cette année 47, elle a quelque difficulté à faire coïncider son image de belle fille aux cheveux flous avec celle d'une chantre des batailles européennes. En France, on n'a retenu que le nom des paroliers de la version française, Joseph Kessel et Maurice Druon. C'est pourtant elle qui avait composé en russe, l'original de cet hymne de la Résistance. Et la Complainte du Partisan qu'ont repris Joan Baez ou Léonard Cohen, et Paris est à nous, et Courage... Plus de trois cents