Les ounayes seraient, paraît-il, des animaux paisibles et grégaires, à mi-chemin entre le mouton et le vampire. Ça ne ressemble à rien de connu, ces bêtes-là, comme le film qui s'attarde sur leurs moeurs: Du soleil pour les gueux (1), quatrième film le premier distribué d'Alain Guiraudie, grande gigue de 36 ans: «Le naturalisme, ça me pète les couilles.» Parce qu'il n'y a pas que des ounayes dans le film, il y a aussi des coiffeuses exploreuses, des bergers (à ounayes, évidemment), des bandits en cavale et des chasseurs de primes qui courent mais ne renâclent pas à faire une pause pour disserter sur ce qu'ils sont, ce qu'ils voudraient bien être. Ça dure une heure mais ça pourrait en faire trois. Une sorte de western rohmérien ou un jeu de rôles papoteur, inspiré de Jacques le fataliste. On ne sait pas. Guiraudie a tourné ça en une semaine, pour 50 000 F, sur le plateau du Larzac.
Le spécimen ne vit pas très loin, un peu plus au sud: Gaillac, au bord du Tarn. Un grand appartement de célibataire, à l'électroménager peinturluré, du portable au frigo. Bermuda, espadrilles, pastis, barbe de deux jours. Dix ans qu'il fait des films dans son coin. «Ce n'est pas si compliqué. Tu n'es pas obligé d'avoir tant de tintouin pour un film. Et tant pis si l'ingénieur du son n'a pas le bon micro.» Le faux flegmatique a l'accent de son Aveyron natal, cette rauque allégresse que l'on dit par défaut rocailleuse. Tout comme on le dirait par facilité truculent, si ce n'était sa nonchalance, s