La baie vitrée en demi-lune découpe un paysage liquide où mer et ciel ne se distinguent que par des nuances de gris. Il pleut sur Calvi et sur les vacances corses de Françoise Hardy. «Je suis une citadine névrosée», dit-elle en riant, rêvant d’un été à Paris. Elle croise ses mocassins blancs sur l’ardoise noire du sol, les glisse sous la table Knoll.
Le matin, Françoise Hardy travaille : sur son e-book elle rédige un article pour une revue astrologique tirée à 100 exemplaires. Sur Josette Clotis, l’amour tragique d’André Malraux. L’astrologie, elle l’a étudiée comme d’autres la psychologie. L’après-midi, elle lit «des choses difficiles» au fond du jardin. Le Journal de Gide, une bio de Malraux, à la recherche d’éléments biographiques. A l’ombre, comme l’expriment son teint naphtaline et ses jambes si pâles qu’on les croit d’abord gainées de bas ivoire. Une femme d’intérieur, en somme. Le soir, au lit, elle dévore des Agatha Christie. «C’est ça, les vacances. Relire des romans policiers. L’été dernier, c’était Mary Higgins Clark.» Les disques d’été, elle les écoute en boucle. Des mœurs adolescentes, en somme. Coldplay, un groupe anglais, elle ne s’en lasse pas, un seul morceau, We never change. L’histoire d’un type qui veut aimer la même femme, toujours. «C’est simple, irrésistible, pur, nostalgique.» Elle rit, souvent, d’un rire qui sonne clair. Tout à l’heure, lorsqu’elle a ouvert la porte, elle a dit : «Essuyez vos pieds.»