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Libération
Portrait

Pour la beauté d'Uzeste

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publié le 22 août 2000 à 3h36

«Il est né un soir de bal.» Assise dans le salon de sa maison d'Uzeste, village gascon de quatre cent quarante habitants au coeur de la lande bordelaise, Marie Lubat, 87 ans, ne trouve pas d'autres mots pour «expliquer». Expliquer l'intrusion de ces syncopes jazz-rap, qui rebondissent sur le vieux buffet en chêne, dépoussièrent ses napperons et font trembler ses bibelots. Expliquer les djembés au milieu du pré, les trompettistes accrochés aux arbres et les poètes en haut des palombières. Expliquer ce fils-festival, enfant prodige du jazz et indomptable agitateur de ce petit bout de Gascogne, aujourd'hui autoproclamé «en grève» pour gueuler encore plus fort contre «l'océan couillonnaliste libéralo-touristique». «Tout ça, c'est lui», murmure Marie en écartant le rideau qui sépare son petit salon du tumulte uzestois.

Il est donc quelque part par là, cet enfant de balloche inventeur de rythmes et de mots, quelque part entre l'échafaudage de pianos déglingués, grosses caisses et casseroles cabossées du café L'Estaminet fondé par son père et la cacophonie bariolée-bricolée des musiciens, bateleurs, militants cégétistes et autres «ouvriers gueulards de l'art» qui squattent le «pré occupé». Au comptoir de la buvette-produits du terroir, on vient de le voir passer, «à fond la caisse sur son vélo». «Pour le repérer, c'est pas compliqué», chantonne une jeune festivalière au T-shirt «Uzeste musical en grève». «Un homme bien en chair, avec des jambes toutes minces dans un short, des gros

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