Contrairement à Kafka qui a eu le mauvais goût de laisser traîner une photo de lui à la plage (rarissime, certes, mais quand même), on ne verra jamais le maigre Mehdi Belhaj Kacem en maillot de bain. Ce n'est pas son genre. Nous sommes dans un rade du côté de Boulets-Montreuil, moins crade cependant que celui où il nous avait donné rendez-vous quelques mois plus tôt pour la sortie d'Esthétique du chaos, et, malgré juillet, la seule idée de lui demander s'il part en vacances est en soi hautement comique. En régime d'écriture, Mehdi Belhaj Kacem (à ranger à la lettre B sur vos étagères) bosse en effet quinze heures par jour. Mais qu'il travaille au livre en cours, prenne des notes pour le suivant, s'affaire à sa revue EvidenZ, fomente la révolution, se bourre la gueule ou se décalque de tout autre manière, il est clair que donner corps à sa pensée est pour lui un job à temps complet. Il précise tout de même : «Je mets un point d'honneur à ne jamais écrire déchiré. Sauf peut-être pour l'Antéforme, mais j'ai fait les révisions à jeun.»
A la fois jeune espoir (il a 27 ans) et écrivain aguerri (il publie depuis sept ans), MBK ne donne rendez-vous que dans des cafés, car il s'y sent plus chez lui que chez lui, «moins parano». C'est apparemment dommage, parce que chez lui, Mehdi fait de la bonne popote, dixit : «J'ai appris sur le tas. Au début je faisais des trucs très lourds, mais maintenant, c'est beaucoup mieux.» Il cite un brocoli, deux faisselles. C'est plutôt nouvelle cuisine,