Dix-sept ans qu'ils sont sur le même bateau: et ni les remous médiatico-sportifs ni les bouillons de l'amateurisme n'ont réussi à les faire dessaler. «Equipage phare du sport français» pour les uns, «maître couple du canoë-kayak» pour les autres, Frank Adisson et Wilfrid Forgues ont décidé d'embarquer à nouveau pour les Jeux olympiques. A genoux dans leur canoë biplace, jambes calées et cals aux mains. Un pour deux et deux pour un. Ils ont loué des maisons à Sydney «pour être peinards» loin du village olympique et ne se joindront à la «grande famille française du sport» qu'après la descente décisive du 20 septembre.
Cette fois, juré, craché, ce sera la dernière. Plus grand-chose à perdre, l'impression d'avoir déjà «tout donné». La médaille d'or? Ils l'ont déjà rapportée d'Atlanta en 1996, après l'avoir décrochée à la force de leurs biceps dans les bras de la rivière Ocoee, Tennessee. A leur retour à Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées, 10 000 personnes les attendent sur la place centrale pour fêter leur victoire, un exploit en pleine patrie du rugby. Avec les deux chèques de 250 000 francs signés par le ministère de la Jeunesse et des Sports, Wilfrid et Frank entament respectivement l'achat d'une ferme et d'un appartement, se disent qu'ils auront «plus de facilité pour continuer». Quatre ans plus tard, les champions continuent de déchanter.
Dix ans qu'ils réclament une vanne pour leur centre d'entraînement toulousain, afin d'augmenter le courant dans la Garonne, souvent trop