Il déboule dans une vieille Rover à la boîte de vitesse implorante, vous tape l’accolade bourrue tout en répondant à son portable, impose le tutoiement d’office et vous emmène manger «entre amis» sur une petite île de Bretagne, chez Nadège, une «ancienne élève» à qui il n’a jamais vraiment fait cours. Retraité de l’Education nationale, routard du syndicalisme et du monde associatif, Gaby Cohn-Bendit tonne depuis toujours contre la «raideur des partis», «l’archaïsme des enseignants», puis pour «l’expérimentation novatrice», le «libéralisme libertaire». Les passagers de la vedette Vannes-île d’Arz se retournent. Non, ce n’est pas
Dany, mais Gaby. Un Cohn-Bendit. Les mêmes dents du bonheur, le même regard canaille sous les sourcils en broussaille, la même extravagance, le même narcissisme revendiqué. Juste un peu plus de poils roux sur les joues et le menton, une bedaine un peu plus ronde, et neuf années d'avance dans «l'agit-prop».
«Cohn-Bendit, vous dépassez les bornes!» Tandis qu'en Mai 68 universitaires et politiques espèrent encore maîtriser le petit frère à Paris, le grand, prof à Saint-Nazaire, se fait lui aussi rappeler à l'ordre. Militant syndicaliste «acharné» au sein de la section «Ecole émancipée» de la Fédération de l'éducation nationale (FEN), il multiplie les grèves et les embardées provocatrices. «C'était une teigne, une vraie ordure», charrie son ami Yannick Simbron, ancien secrétaire général de la FEN. «Il y va toujours à fond la caisse, explique Dany. A côté, j