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Libération
Portrait

La vie et Brel

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publié le 22 septembre 2000 à 4h37

En ce temps-là, c'était ménage à trois. «Lui, le cancer et moi», dit-elle. Mais toujours, il lui disait: «Prend des photos!» Ou encore: «Tu raconteras notre histoire.» Sur son lit d'hôpital (pour deux, le cancer et lui), alors qu'une opération avait amputé son poumon malade, il répétait encore: «Note tout!» Jacques Brel n'avait pas renoncé à la chanson, mais à tout ce qui l'accompagne, la scène, la presse, les promos, Paris. Il ne savait pas si la maladie l'emporterait, mais il voulait faire savoir qu'il était heureux d'avoir pris le large, avec son joli bateau et son joli avion. «Il voulait casser cette image d'homme malheureux qui lui collait à la peau.» Alors, Maddly Bamy, l'ultime compagne, s'exécutait. Scribe de ses dernières années.

On entre donc chez elle comme on ouvre une boîte à souvenirs. Son roman, qui sort ces jours-ci, n'est qu'un prétexte pour pousser sa porte, elle le sait bien d'ailleurs. Elle y raconte une histoire qui ressemble à la sienne, celle, plus rose encore, d'une jeune femme artiste qui quitte tout pour un homme célèbre qui l'emmène loin et meurt trop vite. Appartement avec fenêtres sur cour dans le neuvième arrondissement. C'est là, dit-elle, qu'ils se voyaient dans les années qui suivirent leur rencontre. Lui venait de Neuilly, pour dormir à Paris. Sur son balcon, elle tend le bras vers la gauche, «là-bas, c'est la gare du Nord, c'est là qu'il est arrivé». Début de la légende. Elle se fait gardienne de musée. Mais l'appartement n'est plus qu'un fr

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