Jack-Alain Léger marche le long du boulevard du Port-Royal. Sur son passage les stores faseyent, comme dans ses livres lorsque la vie échappe à la pesanteur. Avec une noirceur étincelante et gaie, il raconte une conférence de presse absurde à laquelle il vient d'assister. C'est horrible, non? Souvent ses phrases s'achèvent par le mot «horrible», prononcé d'une voix indignée. C'est une journée d'été allègre en compagnie de Jack-Alain Léger. A rebours de sa mauvaise réputation.
Jack-Alain Léger. 30 ans d'écriture. Quelques petits chefs-d'oeuvre. Ma vie (titre provisoire), le Siècle des ténèbres. Une poignée de lecteurs. C'est que Jack-Alain Léger a mal commencé dans la vie littéraire : tout de suite, un succès colossal. Best-seller, film à Hollywood. A 25 ans, il était millionnaire, grâce à Monsignore. Un roman à la Dumas, avec prêtre play-boy, call-girls et mafiosi. Drôle, enlevé, bien écrit. On le trouve encore dans la version vintage 76 de Robert Laffont. Sur la couverture un évêque en soutane et Ray Ban. 350 000 exemplaires en France, traduction en 23 langues. Nanar de Frank Perry avec
Christopher Reeve.
Jack-Alain Léger est jeune, riche, talentueux. Il le paiera cher. «De tout cela, il n'est rien resté, sinon des fêtes inoubliables, dans un appartement somptueux de la rue de Lille, avec du champagne nuit et jour, pendant six ans», dit-il aujourd'hui, ruiné, écorché et souriant. Et la réputation de teigneux. Lorsque après cet intermède, il retourne à une littérature écrite, s