Comme lui, il a grandi dans les collines du Transkei et passé l'essentiel de sa vie à lutter contre l'apartheid. Comme lui, il promène sa décontraction et son discours posé, la blague à tout bout de champ et la bonne humeur contagieuse. Comme lui, il a un nom qui a valeur de destin. Sonwabile signifie «sois heureux». L'effet est réussi: l'homme rayonne. Nelson Xholihlahla Mandela veut dire «celui qui amène les problèmes» (comprendre: agitateur invétéré). Nelson Mandela est le client de Sonwabile Ndamase.
Il n'est pas «que» le tailleur de Mandela. Il dirige une entreprise, Vukani! (Réveille-toi!, en xhosa). Il vient d'habiller l'équipe des athlètes sud-africains qui ont participé aux Jeux olympiques de Sydney, et il s'apprête à ouvrir une toute première boutique à Dar es-Salaam, en Tanzanie. A l'étage d'un immeuble du centre de Johannesburg, son atelier ressemble aux «suites» que louent sur Broadway, à New York, les commerçants ouest-africains. Espace étriqué, éclairage au néon, vêtements chamarrés et rap lancinant. L'ambiance au travail. Sur un mur couvert de photos, l'image du patron avec Winnie Mandela fait face à une devise photocopiée: «Ce que l'esprit humain peut désirer, il peut l'accomplir.»
A 10 ans, le petit Ndamase, fils de couturière, décide de faire le même métier que maman. A 23 ans, il quitte le bourg de Butterworth pour tenter sa chance à Johannesburg. Malgré l'apartheid, un système dont il s'est toujours joué, il décroche des jobs de présentateur TV et d'attach