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Libération
Portrait

Au bout du rouleau

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Kelly Slater, 28 ans, six fois champion du monde de surf, ex-héros du feuilleton «Alerte à Malibu», est resté un grand garçon américain.
publié le 20 octobre 2000 à 5h36
(mis à jour le 20 octobre 2000 à 5h36)

Gros plan sur l'épaule bronzée. La caméra descend, doucement, caresse les rondeurs parfaites des pectoraux. L'homme marche, la planche de surf sous le bras, jeune, décidé, face à la mer. Soudain la vague, sublime, énorme, l'enrobe. Il la taquine, l'escalade, la dompte, la domine. Les bras levés, il a gagné.

Six écrans télé répètent ce clip à l'infini, dans le hall verre et bois du siège européen de Quick Silver, à Saint-Jean-de-Luz. Extrait de victoire, concentré de rêve américain avec, en matador aquatique, Kelly Slater, 28 ans, six fois champion du monde, légende vivante. Les journalistes ont prévenu: «C'est un Dieu, incontesté, imbattable.» Mark Richards, quadruple champion du monde de surf au début des années 80, s'est incliné: «On l'appelle le miracle de la nature. C'est une bête».

Un petit homme, jogging et blouson gris, tête basse, clopine jusqu'au centre de la pièce. «C'est lui!» Lui? Ce canard penaud au pelage ébouriffé, au regard affolé? Lui. Il s'assoit, s'excuse du retard, de ses yeux à peine ouverts («je n'arrivais pas à dormir hier soir, alors j'ai joué de la guitare»), de son oreille gauche qui dépasse plus que la droite («je me suis blessé avec ma planche»).

Kelly Slater n'a pas la grosse tête. Les surfeurs le disent, et cela semble vrai. Il leur en a pourtant fait avaler des couleuvres, à ces héritiers de la contre-culture des années 70, ces adeptes du no limits, de la défonce aquatique et/ou chimique... D'abord, la réussite d'un American boy propre sur lui et

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