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Libération
Portrait

Vive l'Enarchie!

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publié le 21 octobre 2000 à 5h39

Les photos sont alignées, identiques à une cravate près. «1958-60: promotion Tocqueville», «1990-92: promotion Condorcet». Sept à huit rangées de petites têtes blanches et costumes bleus, à peine une ou deux robes un peu plus colorées, au niveau des années 70... A l'heure où la réforme de l'ENA fait vibrer les plumes et les esprits, le couloir qui mène au bureau de sa nouvelle directrice, Marie-Françoise Bechtel, évoque plus que jamais la permanence. Sa nomination, au mois de septembre dernier, à la tête de la plus prestigieuse école de France a pourtant fait du bruit. «Une femme !» «Une fonctionnaire issue du mal-aimé concours interne !» «Une fidèle de Chevènement, ce pourfendeur de l'énarchie !» Les doléances des promotions sortantes sur «l'archaïsme pédagogique» et le «conformisme social» de l'institution allaient enfin trouver une oreille.

Ne vous emballez pas, semble dire le petit corps calé dans une robe droite chic, au coeur d'un énorme canapé moelleux. «Je ne suis pas là pour faire la révolution. C'est quand même une école qui marche très bien, avec des élèves triés sur le volet, d'excellents enseignants.» Marie-Françoise Bechtel parle vite, en remuant beaucoup les mains, mais elle dit des choses très raisonnables, qui calment le jeu. C'est pour cela qu'on l'a choisie. C'est aussi pour cela que Jean-Pierre Chevènement avait fait appel à elle lors du débat sur l'école libre en 1984, puis lors du vote de la loi sur l'immigration en 1999. «Toujours faire primer la raison

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