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Libération
Portrait

Hommages.

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publié le 7 novembre 2000 à 6h16

Elle avait des pudeurs de romancière. Non, ce n'était pas elle, la femme blottie dans ces bras-là. Malgré le démenti, l'impression demeurait d'un crissement de sa plume obéissant aux battements de son coeur. Plus de démenti, ce samedi. Elle est assise dans un bureau vide de sa maison d'édition. C'est elle. «Je ne voulais pas que l'on sache ce qui est vrai et faux.» Presque tout est vrai: «J'ai transformé quelques repères, mais c'est un paysage mental qui est le mien.» Le paysage est simple, comme un dessin esquissé dès l'enfance. Rive homme-rive femme, et au milieu coulent les eaux troubles du désir. Elle s'y jette, apprend vite à nager pour rejoindre l'autre côté. «Ce n'est pas forcément une facilité. Ce geste vers les hommes passe plus facilement par l'écriture.» La femme boit donc plus souvent la tasse que la narratrice.

Camille Laurens (c'est un pseudonyme) n'a rien d'une baroudeuse au safari de l'amour. Brin de femme sage avec une natte dans le dos, une discrète qui manie les mots et les hommes avec douceur: «J'ai toujours eu une image un peu froide, un peu lisse. Je ne suis pas mécontente que les gens la dépassent.» La voilà qui décroche une médaille littéraire, pour avoir raconté le père, le mari, l'amant, l'éditeur, le fils, le psy... ses hommes. Tous ces hommes qui racontent une femme, au fil des années, sur le fil de l'émotion.

La petite fille. Elle est née à Dijon, après sa soeur. Son père est pharmacien, sa mère secrétaire. A l'école, les lundis, elle n'a rien à ra

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