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Libération
Portrait

Rond comme la lune.

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publié le 17 novembre 2000 à 6h42

La réalité et la pièce se sont télescopées en plein coeur du mois d'octobre, quand la nuit commence à tomber trop vite, que la pluie rend les rues poisseuses. Tandis que les affiches de son nouveau spectacle au théâtre Fontaine hissaient les couleurs sur les colonnes Morris, Jacques Villeret perdait les siennes entre les murs d'une clinique. Il a frôlé l'abandon.

Puis, à coups d'injections de répétitions et d'absorption de verres d'eau, il a «poussé la machine». Ce corps que l'époque vénère et dorlote, il le croit capable d'encaisser tous les coups, lui qui dort mal, fume trop, cavale derrière une balle de tennis et bien d'autres choses encore. Il a déjà joué avec de la fièvre, avec un bras cassé, alors pourquoi pas avec un mal de vivre que la scène dissipe. Tout cela est non dit, couvert par le mot «événement» qui implique qu'il sait que l'on sait mais que l'élégance commande surtout de ne pas en faire un argument publicitaire de circonstance.

Depuis hier soir donc, il est Jeff. Pour ses amis «un maître dans l'Art de se foutre de nous et de lui», pour ses ex «un minable alcoolique et diabétique». Un tourment enfin pour le magazine The Spectator, son employeur, qui lorsque le journaliste ne peut assurer sa chronique après une nuit de bourlingue, informe ses lecteurs d'un euphémistique «Jeffrey Bernard est souffrant». Titre de la pièce écrite d'après la vraie vie de Jeffrey Bernard, chroniqueur connu comme le loup dans les bars et journaux londoniens, qui ne souffre plus depuis

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