C’est drôle comme il est assis dans le train. Il a 73 ans, il porte un costume sombre, il a des lectures médicales plein son cartable, il rentre d’un colloque. Tout ce qui amidonne un homme est réuni là. Mais il suffit d’un geste, d’un détail, pour chiffonner les apparences. La jambe droite s’est posée à mi-hauteur de la porte du compartiment. A l’aise comme une paire de jeans qui ferait tiquer les sourcils du contrôleur. Et puis la Légion d’honneur n’adhère pas au revers de la veste, elle est retombée au fond de la poche sitôt la représentation terminée. Prendrait-il de cet élixir de jouvence qu’il mijote dans son laboratoire ? «Oui, deux pilules chaque matin depuis quelques mois.» Et alors ? «Je suis plutôt en meilleure forme qu’avant, mais il est bien trop tôt pour en tirer des conclusions.» Dommage. «Et ne me demandez pas comment va ma libido, c’est indiscret.»
Ce que l’on sait du Pr Baulieu et des femmes, c’est qu’elles l’intéressent. Qu’il a même beaucoup fait pour elles. Bricoleur d’hormones, il est marqué RU 486, la pilule abortive, dernière étape après Simone Veil, qui bannit l’acier du ventre trop fécond. Un enfant quand je veux, merci professeur Baulieu, la rime est riche mais les banderoles repliées. Il est déjà d’un autre combat, siglé cette fois DHEA, une molécule qu’il découvrit il y a trente ans, pour l’oublier ensuite. Elle équivaut pourtant à quelques bâtons de dynamite sur les rails de la vieillesse ennemie. Que fait