Menu
Libération
Portrait

Pool aux oeufs d'or.

Article réservé aux abonnés
Nick Park et Peter Lord, 42 et 47 ans. Les pères britanniques de Wallace et Gromit reviennent à toutes jambes avec des poulets en cavale.
publié le 11 décembre 2000 à 7h48
(mis à jour le 11 décembre 2000 à 7h48)

Ce sont deux destins animés. Avant de parler, les auteurs de Chicken run bougent. Devant les images d'un scénario, Peter Lord se transforme en volatile. Il écarte les bras avec la lenteur d'un professeur de tai-chi, plie la patte comme une cigogne et jette autour de lui des regards de rapace. Ses collaborateurs suivent son spectacle de pantomime. Pas d'explication inutile. Le geste suffit. Au cours d'un entretien, Nick Park, son alter ego, se glisse sans même le vouloir dans la peau caoutchouteuse et malléable d'une de ses créatures. Enthousiaste, il roule les yeux, tord sa mâchoire, enchaîne les grimaces. Stressé, il penche la tête et relève l'épaule comme un enfant pris en faute. Ils semblent aussi fragiles que leurs personnages en pâte à modeler.

Ce sont deux Anglais délicats et pudiques, à la diction hésitante ponctuée de petits rires nerveux. Nick Park, avec son regard craintif et juvénile, sa tignasse en bataille, débute une phrase par une suite d'onomatopées, d'exclamations sourdes et de mots inachevés: «Hum? Eh bien... Je veux dire...» Un dialogue de cartoon. Peter Lord semble incapable de contredire son interlocuteur qu'il écoute avec une attention toute paternelle. Il acquiesce à ses arguments et l'encourage de «oui» francs et massifs. Seul son visage exprime parfois une réserve. Le sang afflue alors entre sa barbe filandreuse et sa chevelure oblongue. Dans le ménage, il tient le rôle de l'aîné responsable et prévenant.

Jusque-là, les deux plus célèbres réalisateurs

Les plus lus