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Libération
Portrait

Mal helvète.

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publié le 16 décembre 2000 à 8h08

L'homme a des obsessions: «Seule la trajectoire compte.» Il griffonne la courbe de ses rôles sur papier. «Il m'a toujours emmerdé avec ses graphiques compliqués, mais ils lui permettent de détourner les textes vers un univers qui n'appartient qu'à lui», dit Jacques Weber, un des premiers à l'avoir mis en scène. Car Jean-François Balmer veut imprimer son rythme. «Je suis un acteur en marche.» Comme dans Novecento, sa pièce du moment.

Le «gentleman suisse-français» ­ la description est du producteur Jean-Louis Livi ­ reçoit au théâtre à Paris. L'acteur gagne sa loge trois heures avant les trois coups, se branche sur Nostalgie et s'allonge. Habitude d'hôtel, rue de Saussure, où il s'était installé en même temps que son copain de Conservatoire, Jac ques Villeret. Une chambre étroite au lit si large que, «pendant dix ans, il ne s'y est rendu que pour dormir», raconte Françoise Petit, qui le mettra en scène dans le Faiseur de Balzac, peu de temps après l'avoir épousé. «Depuis, il passe sa vie allongé», poursuit-elle. «Je crois qu'il a surtout une vraie folie. Il est capable de piquer des colères effroyables», confie Nathalie Baye, l'autre camarade de promotion au Conservatoire.

Elle était là avec les deux Jacques (Weber et Villeret), quand Jean-François avait été rebaptisé John au comptoir du Sherwood, rue Daunou, où ils passaient des nuits entières. Eux ont réussi vite. John, lui, n'a pas changé. Nathalie Baye: «Quand il venait chez moi prendre un bain, il avait déjà cette expressi