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Libération
Portrait

L'incorruptible

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publié le 25 décembre 2000 à 8h27

Ce qui frappe d'abord, c'est sa taille. Nikolaï Volkov, 49 ans, est un géant aux épaules carrées. Ses orbites sont enfoncées, son nez imposant, ses mains immenses. Mais dès qu'il parle, ce n'est que douceur. Depuis août, l'ancien enquêteur du parquet russe n'a plus rien à faire. Désemparé, il rêve, même de clore «gratuitement», l'affaire qui l'a «fait tomber», au grand dam de Evguenia, sa femme. «Elle m'engueule quand je lui dis que si on me rappelait, je reviendrais. C'est juste que je voudrais mettre un point final à ce dossier.»

En 1999, cet enquêteur du parquet entame une procédure contre Boris Berezovski, l'oligarque en pointe au Kremlin, accusé d'avoir détourné des fonds de la compagnie aérienne d'Etat Aeroflot via deux compagnies suisses. A l'épo que, Boris Eltsine est encore Président et l'homme d'affaires Berezovski une de ses éminences grises au Kremlin. Il n'est donc pas question de mettre son nez dans les «affaires» des protégés du pouvoir. La plainte est abandonnée faute de preuves. Mais les comptes en Suisse de l'oligarque sont bloqués.

Les enquêteurs du parquet sont traditionnellement aux ordres du pouvoir, mais Nikolaï Volkov fait exception. Il a de la suite dans les idées. Il se rend trois fois en Suisse, ce qui agace sa hiérarchie. En juillet, il revient de Berne avec la preuve du transit par des sociétés commerciales bidon, d'énormes sommes en provenance d'Aeroflot transférées ensuite sur des comptes de personnalités.

Devant des preuves aussi flagrantes, Volk

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