Naît et vit à Versailles. Au château. Prénom de son unique descendant, Louis, comme son grand-père. Passion: le jardin à la française... Un autre an 1, on guillotinait pour moins que ça. Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques, chargé de la restauration des jardins de Versailles, est d'ailleurs très satisfait de son époque, à quelques perturbations climatiques près. Trois cents ans après la mort de son maître, André Le Nôtre, il n'échangerait pas la république, qui l'a fait roi des 650 hectares du «plus beau parc à la française du monde», pour l'Ancien Régime.
Sous l'oeil d'un Le Nôtre de marbre, il veille aux graines et aux pépins. Un peu superstitieux, car, depuis sa nomination, Versailles a déjà connu ses deux plus historiques tempêtes. Le 2 février 1990, 1 500 arbres au tapis, la fin du monde: «J'ai signé mon contrat à 13 heures, à 15 heures, le jardin était par terre.» Neuf ans plus tard, un 26 décembre d'apocalypse, le bilan est à multiplier par dix: «Les tôles volaient comme des lames de guillotine sur la place d'Armes. Une vision du chaos, fantastique.» Une dépression générale suit dans les rangs des jardiniers. La shakespearienne tempête a éclairci le parc et aussi, finalement, les idées de son conservateur.
Des mécènes du monde entier ont fondu sur Versailles, et l'Etat a apporté son écot. Du temps gagné sur la lente restauration des jardins, mal en point depuis plus d'un siècle. Le programme de replantation a été avancé de dix ans. Et Pie