A missunderstanding» (un malentendu), affirme Klaus Schwab en anglais, la langue du «village planétaire» qu'il préfère à celle de Molière qu'il parle pourtant parfaitement. Droit comme un piquet, vêtu d'un austère costume noir, Klaus Schwab ne comprend pas la raison de la hargne qui se déverse sur lui. N'a-t-il pas tout entrepris depuis des décennies pour «améliorer l'état du monde»? Comment peut-on douter de sa bonne foi, alors que ce slogan figure jusque sur le papier à lettre du Forum économique mondial? A l'exception du pape, il a fait venir tous les grands du globe au fin fond d'une vallée grisonne pour sauver une planète en péril et voilà que les antimondialistes vont lui chercher des poux jusqu'à Porto Alegre. Le Forum de Davos incarne aujourd'hui le capitalisme sans foi, ni loi, et Klaus Schwab, son fondateur, en est devenu le symbole honni. «Non au politburo de l'internationale capitaliste!», affirment les pancartes des manifestants.
Dans son nouveau quartier général genevois qui surplombe le lac Léman, un palais de verre et de béton à l'architecture tranchante et glacée qui a coûté la bagatelle de140 millions de francs, Klaus Schwab est, dit-il, «attristé»: «Sous prétexte que l'élite mondiale des hommes d'affaires et des politiciens se réunissent chaque année à Davos, nous sommes accusés de comploter contre le reste de l'humanité. C'est confondre le mal avec le remède.»
Convaincu de son action bienfaitrice, cet homme, qui teste son endurance physique chaque année lor