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Libération
Portrait

Dérèglement de comptes

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publié le 12 février 2001 à 22h50

Le rendez-vous, dans l'anonymat du hall d'un grand hôtel de Hambourg, fait un peu conspiration. Les hommes d'affaires, pelisses d'hiver au bras, vont et viennent l'air important, les dames huppées de Hambourg grignotent leurs gâteaux et personne ne semble remarquer la femme par laquelle le scandale est arrivé. Sous sa queue de cheval et ses traits fins, délicatement maquillés, impossible de soupçonner sa mère, Ulrike Meinhof, la terroriste de la Fraction armée rouge qui mit la RFA en transe dans les années 1970. Vingt-cinq ans plus tard, c'est pourtant avec le même acharnement que la fille retourne l'Allemagne par ses révélations sur le passé violent du ministre vert des Affaires étrangères, Joschka Fischer. Début janvier, elle a fait publier des photos le montrant casqué, bras levé pour tabasser un policier, à l'issue d'une manifestation de 1973 à Francfort. Depuis, tout le passé soixante-huitard de l'Allemagne n'en finit pas de remonter à la surface et de secouer le gouvernement Schröder.

Devant sa tasse de thé, Bettina Röhl tient d'entrée à une mise au point : «Le travail de recherche que j'ai effectué sur Fischer n'a rien à voir avec ma mère, explique-t-elle. Il s'agit d'une enquête journalistique. Qu'y a-t-il de plus captivant pour un journaliste que de révéler que le vice-chancelier de son pays a peut-être sur la conscience la tentative de meurtre d'un policier ? Le vrai scandale, c'est qu'aucun reporter ne s'y soit intéressé jusqu'à alors. La médiacratie qui règne en A