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Libération
Portrait

Mars ou crève

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publié le 16 février 2001 à 22h57

Vu de loin, avachi dans un fauteuil d'amphithéâtre lors d'une conférence, il paraît assoupi. De près, il ne donne pas l'impression d'être plus éveillé. Sous son allure de Droopy rescapé d'un campus contestataire, Robert Zubrin est un faux apathique et un vrai agitateur. D'une espèce rare, très américaine, un «agitateur spatial».

Sa marotte, c'est Mars, la planète rouge dont il est tombé amoureux dans son adolescence. L'objet de son courroux est la Nasa, l'agence spatiale américaine, coupable selon lui d'avoir enterré le programme des vols habités vers Mars. Zubrin meurt d'envie de voir dans un futur proche un homme ou une femme ­ de préférence américains ­ transformer à leur tour un petit pas sur les roches martiennes en «grand bond pour l'humanité». C'est son combat, son unique sacerdoce, une passion idéaliste, sans arrière-pensée mesquine ni calcul de carrière, qui le garde presque juvénile malgré ses 48 années au compteur. Rien de ce qui concerne cette (autre) terre promise n'est étranger à cet ex-fan des sixties, nostalgique d'une Amérique optimiste, prête à conquérir l'univers. «Il est temps d'y aller, dit-il, il ne faut plus tergiverser sous des prétextes fallacieux de sécurité ou de dépenses prétendument faramineuses.Technologiquement, nous savons le faire, scientifiquement, ce sera intéressant, bref, si on veut, on peut, c'est juste une question de volonté politique. Pour la Lune, il y eut Kennedy ; actuellement, il n'y a hélas personne.» La Nasa, elle, préfère expédi

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