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Libération
Portrait

Enchantée

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publié le 23 février 2001 à 23h08

A quelques minutes de Paris, le pavillon de chasse de Julien Corboz, qui fit toutes les sculptures du palais Garnier, accueille les derniers reflets du couchant. On sonne à l'interphone et l'on traverse le jardin, avant d'entrer dans la belle demeure rustique et silencieuse, toute de murs peints, cheminées, gran des fenêtres ouvrant sur un marronnier bicentenaire et un arbre à kakis. Impression de déjà-vu? On rendit visite ici même il y a quelques années à la contralto française Natalie Stutzman. La nouvelle propriétaire en baskets est plus connue du grand public, et songe à modifier cette devise helvétique en guise de frontispice ­ «Chacun pour soi, Dieu pour tous» ­ qui ne lui va pas du tout. «Tant qu'à avoir une devise, je préfère celle des Mousquetaires:"Un pour tous, tous pour un."» Considérée comme la meilleure Reine de la nuit (dans la Flûte enchantée), zappant en moins de dix ans de Mozart à la Scala à Stravinski avec Boulez au Châtelet, quand elle ne partage pas la scène avec Placido Domingo ou Anne-Sofie von Otter, Natalie Dessay n'en continue pas moins de rallier les répétitions au palais Garnier en RER «sans jamais être reconnue ou importunée» quand à Vienne, elle se fait arrêter dans la rue toutes les cinq minutes par des fans. «C'est bien pour moi, qu'on me fiche la paix à Paris, mais c'est triste pour la musique. Les Français ne reconnaissent pas plus Rostropovitch dans la rue, pour le coup, c'est choquant.»

Son ascension au firmament des chanteuses lyriques, N