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Libération
Portrait

La vie qui chante.

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publié le 7 mars 2001 à 23h54

C'est une fille bien ordinaire qui a le goût de bien faire. Mais, c'est aussi une sismographe pas ramenarde de la tectonique du qui-plaque-qui, une vulcanologue des rapports humains qui voit se heurter et s'éloigner les continents hommes, les continents femmes. Ses chansons tiennent parfois du sous-article de Cosmo', du doggy-bag d'après dîner de filles, du prêt-à-penser d'une société où les valeurs traditionnellement féminines triomphent et où il n'est rien de plus important que l'intériorité et sa quotidienneté, que papa-maman, mon ex, mon accouchement; d'une société dépolitisée et pacifiée où l'on se shoote à la proximité, au concret, au sentiment. Mais, souvent, elle se débrouille pour injecter de la complexité là où l'on n'aurait vu a priori que de la tranche de vie bien équarrie, que du pathétique ou du drolatique. Comme quand elle raconte cet enfant anormal qu'une mère se réjouit d'avoir toujours sous sa coupe et s'affole de ne voir jamais se détacher d'elle, comme quand elle décrit les déchirements de celles qui veulent fumer, boire et baiser comme des mecs et qui sentent leur revenir sur le paletot leur éducation à la sagesse, à la retenue, à l'altruisme bigot et ménager.

Lynda Lemay, Québécoise de 34 ans, s'est imposée par surprise sur la scène musicale française. Chansons pas formatées pour les FM, orchestrations vieillottes et sirupeuses, «voix de canard», comme elle s'en amuse elle-même. Et pourtant... Une apparition aux Victoires de la musique 2000, où elle chan

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