«Du bordeaux...», réclame Borloo en s'affalant à table. Avec la joue râpeuse, la mèche sur l'oeil et la tache qui sautera bientôt à la place de la Légion d'honneur, ça fait partie du numéro de charme du maire de Valenciennes. Pas toujours dans la dentelle, mais nouvelle vague du côté de l'UDF, qui en a fait son porte-parole pour rafraîchir la vitrine avant la présidentielle. Les démocrates-chrétiens, coincés par vocation, le trouvent «atypique», «décalé», et s'encanaillent à son contact. Les Valenciennois eux, en douze ans, ont fini de s'étonner: «Cht'i la, in'changnin» (Celui là, il ne change pas), soupirent les vieux quand le maire se pointe au 11 novembre avec deux heures de retard, l'air d'avoir fumé la moquette. Lui, entre carrière, politique et famille, il cloisonne. Jamais là où on l'attend.
François Bayrou l'a introduit dans sa garde présidentielle rapprochée et lui téléphone dix fois par jour. «C'est le mariage de la carpe et du lapin», convient Borloo. Il dit qu'il «n'arrive pas à être de droite». Mais convient qu'il a trouvé une famille à l'UDF où «c'est le bordel». «Mes petits hurlements dans mon coin ne suffisaient plus. J'ai envie de changer le pays, et la gauche est abandonnée. Je sais que ces gens de l'UDF, enfin pas tous, ne choqueront jamais mes valeurs. Moi, c'est simple, je ne veux plus personne au bord du chemin.» Le lent virage de Bayrou sur le Pacs, l'homosexualité, à la fureur de Christine Boutin, c'est lui. Le vote des immigrés aux élections locales,