Les meubles ont à peu près son âge. A ceci près qu'une armoire de trente ans, ça sent le vieux, les dossiers, la poussière et la gestion, alors que, d'un écolo élu à 31 ans, on dirait qu'il est entré par la fenêtre poussé par un courant d'air. Dans le bureau du beffroi de Lille, il n'y a donc que lui et des meubles posés par d'autres et pour d'autres. Il a décroché les croûtes du mur, «trop moches». Eric Quiquet, adjoint à l'environnement de Martine Aubry, est un Vert dans le fruit socialiste, un promu des dernières élections municipales qui se voudrait oiseau de bon augure.
D'autres, avant lui, avaient frayé le passage. Il y a, sur cette terre industrieuse et balafrée, une tribu d'écolos ramenarde et rigolarde, qui ne joue plus petit bras. Ils chatouillèrent Pierre Mauroy en 1989, adjoints refusant les cravates, les Safrane et les subventions au Lille Olympic Sporting Club, ils prirent les rênes de la région pour six ans en 1992 avec Marie-Christine Blandin, ils ont fourni un ministre, Guy Hascoët, à Jospin. Et, maintenant, ils font des petits, le genre 1,85 m, épaules larges. Résultat, lors des soirs d'élections à la télé, côte à côte au nom de la sainte gauche plurielle, la jeune pousse toise la ministre d'Etat devenue maire chez les ch'tis. Simple problème de cadrage: Eric Quiquet est grand; alors, quand il parle, la caméra remonte, et Martine Aubry disparaît.
Il ne l'éclipsera pas par son charisme, il n'en a pas, ne rivalisera pas de formules, il n'en cherche pas, il ne t